Le compte-rendu officiel du Comité de pilotage est à cette adresse : http://www.grenoble-esplanade.fr/wp-content/uploads/2017/02/Grenoble-Esplanade-Compte-rendu-du-Copil-du-13-janvier-2017_00.pdf
Sur le dispositif
Rappel :
La Ville de Grenoble organise depuis 2016 une démarche de projet afin de définir les orientations d’aménagement du secteur de l’Esplanade, faubourg dégradé mais stratégiquement situé dans l’agglomération et aux nombreux potentiels : entrée Nord de Grenoble, proximité des berges de l’Isère et du site de la Bastille…
Cette démarche rassemble élus, techniciens, habitants, associations, chercheurs dans un dispositif de “co-construction” qui s’est tenu sur site, élaboré avec l’équipe d’urbanistes mandatée (groupement HDZ).
La Ville a proposé aux Conseils Citoyens Indépendants de participer à ce dispositif, en jouant un rôle d’observateurs et de garants de la réelle prise en compte de la parole de chacun dans les choix des élus.
Les Conseils Citoyens Indépendants A, B et C, soit le secteur concerné et ses abords, ont accepté cette proposition et ont délégué une dizaine de membres afin d’assister aux ateliers de travail, aux réunions publiques, aux comités de pilotage.
Ils y prennent note de l’ensemble des questions et observations soulevées par les intervenants, relisent et enrichissent les comptes-rendus de réunions édités par l’équipe d’urbanistes avant leur diffusion, et vérifient que tous les points évoqués reçoivent une prise en compte ou une réponse formelle et argumentée de la part des décideurs.
Une première phase s’est achevée le 13 janvier dernier par un comité de pilotage, en conclusion d’un travail autour de 3 scénarios d’aménagement. Ce comité de pilotage réunissait le maire et des élus dont la délégation est en lien avec le projet, les responsables des services techniques de la ville et de la Métro, les urbanistes du groupement HDZ, et quatre membres des CCI impliqués dans le dispositif : Bernard (CCIA), Sébastien (CCIA), Florian (CCIB), Anne (CCIC).
En préambule au travail sur les contenus, les élus ont souhaité recueillir notre avis sur la forme de notre implication dans le dispositif. Notre sentiment était globalement positif, le rôle qui nous était proposé était clair, et être observateur d’un projet urbain en train de se faire est vraiment intéressant.
De surcroît, nous avons constaté que les supports et les explications de HDZ étaient assez didactiques, le grand public comme les différents intervenants ayant intégré plutôt aisément des informations pourtant denses.
En bémols, le nombre important de réunions, leur heure tardive, le manque de confort des locaux en hiver n’ont pas facilité l’implication de tous. Le manque de documents préparatoires en amont des réunions a aussi été regretté, et il n’était pas clair si les CCI pouvaient diffuser ou non les documents issus des ateliers de travail. Par défaut, nous nous sommes abstenus de les diffuser, opacité qui porte finalement préjudice aux CCI : notre vocation est tout de même de faire du lien et de rendre compte des travaux auxquels nous participons. Cela nous renvoie à la question générale de comment être en lien avec la population grenobloise, et comment faire exister les CCI dans l’espace public (lieux, temps et moyens de présence).
Les élus ont bien entendu ce point, nous confirmant toute latitude d’expression et de diffusion pour les prochaines étapes, pourvu qu’ils conservent la primeur de la diffusion des informations issues des comités de pilotage.
Nous avons aussi regretté de ne pas avoir été associés plus tôt au processus. Contrairement à la phase Scénarios, nous serons cette fois-ci présents au Comité de pilotage de démarrage de la phase Plan-guide.
Autre regret, ne pas avoir été destinataires du communiqué de presse de la Ville ainsi que du courrier et de la plaquette adressés aux habitants du secteur ; comme participants il aurait été normal qu’on le soit.
Notre statut de “citoyens indépendants” (ni membres associatifs, ni élus) convient bien au rôle d’observateurs proposé, libérés d’un rôle consultatif où nous aurions des intérêts à défendre. Non pas que nous n’aurions pas envie d’apporter du contenu ou des avis sur le fond, mais cette attention à la forme, au cadre, contribue nous semble-t-il à poser les contours de ce que pourrait être l’intérêt général.
En 2013, LHAGGLO déplorait que “la démultiplication des démarches de participation […] génère une asphyxie de l’agenda des membres d’associations et dilue la parole des habitants. On peut imaginer les mêmes conséquences sur l’implication des élus.” (https://sites.google.com/site/lahgglo//democratie-locale-et-participation/2013evaluations). On peut formuler les mêmes craintes au sujet de la refonte des démarches de participation engagée par la municipalité actuelle. Une redéfinition des formes de participation est en cours.
Mais dans le dispositif de co-construction Esplanade, il nous a semblé que l’ambiguïté originelle dans les rôles respectifs des Unions de Quartiers et des Conseils Citoyens Indépendants a été levée, et plutôt au profit de la qualité des échanges.
Et nous nous sommes attachés à ce que la parole des habitants, associations, experts soit non seulement énoncée en ateliers, mais renforcée par les CCI dans les comptes-rendus et répétée en comité de pilotage auprès des élus, en complément ou en correction des rapports que leur ont faits les urbanistes mandatés. Les membres des CCI ont également demandé des reformulations afin de gagner en compréhension lorsque cela était nécessaire.
On peut critiquer, voir remettre en cause le dispositif de co-construction tel que mis en place par la mairie. On peut être en désaccord avec les “invariants” du projet (ne pas construire sur la grande esplanade, taux de logement sociaux dans les opérations, maintien de la foire des Rameaux…) en considérant qu’ils laissent trop peu de place aux propositions. On est bien là dans une démocratie représentative, où la part de démocratie participative octroyée peut être frustrante, avec le fin mot aux élus.
Pour notre part et pour ce qui concerne la mission telle qu’elle nous a été proposée, et que nous avons acceptée, nous pouvons témoigner d’une réelle écoute et prise en compte des échanges issus des ateliers.
Dans un cas comme celui de l’Esplanade, nous sommes les observateurs des relations entre urbanistes et habitants, et entre Ville et habitants. Aller plus loin dans l’implication citoyenne dans la genèse des projets urbains serait peut-être d’être associés aux échanges entre la Ville et l’urbaniste mandataire, afin d’être réellement témoins de l’ensemble des arbitrages qui vont orienter le projet. Après tout, à l’occasion du développement du projet de “la Dragonne” de Saint-Bruno (budget participatif 2015), des citoyens ont pu par exemple siéger à la commission d’Appel d’Offres pour l’attribution des marchés, démarche inédite jusque-là semble-t-il. Il a été évoqué lors du comité de pilotage la possibilité, sur de futurs projets, pour les participants, de “poser des briques” de scénarios plus en amont.
Sur le projet Esplanade lui-même
L’essentiel du contenu des échanges figure dans le compte-rendu officiel, nous ne les reprendrons pas ici. Néanmoins, quelques points de contenu nous semblent encore peu étayés, nous serons vigilants à ce qu’ils soient abordés en phase Plan-guide :
- La dimension métropolitaine des enjeux du quartier est bien comprise par tous les acteurs (entrée de ville, site géographique, espace événementiel…), mais la dimension proximité reste floue : vers quelle vie de quartier ? C’est la question que l’on entend derrière “boulodrome”, “commerces”, “parc”
- La question des flux automobiles et du stationnement a fait l’objet de déclarations d’intention, mais n’est fondée sur aucune étude récente et chiffrée. Pour alimenter les échanges de manière constructive, il faudra plus d’éléments techniques. Le choix des flux a été une donnée d’entrée émanant de la Métro, une étude du report modal a été fait par un bureau d’étude (Transitec), nous avons demandé d’en avoir copie.
- En l’absence d’exemples concrets, la question de la densité urbaine inquiète, selon une équation “proximité = promiscuité”. Le groupe “Experts”, comprenant des urbanistes et des architectes-conseil, pourrait alimenter les échanges et débats sur ce point.
- La question de la nouvelle programmation de la grande Esplanade a été très peu abordée, alors qu’elle sera déterminante pour l’attractivité et la qualité de vie du quartier.
- La question de l’acceptabilité de maintenir les manèges de la Foire sur l’Esplanade sans pouvoir y accueillir simultanément les logements des forains.
- La question du phasage de l’opération sera cruciale pour réussir le projet : les nouveaux espaces verts, la passerelle sur l’Isère, la programmation de l’Esplanade devront accompagner l’aménagement du quartier et ne pas arriver “à la fin”. Comment investir les berges dès 2018 ?
- La question du lien aux projets connexes : quelle relation avec le quartier Jean Macé / Presqu’île ? Quelles continuités des berges ? Que vont devenir les anciens Instituts et la cité du Rabot ? Quel impact de l’arrivée du téléphérique urbain ?
Dans tous les cas, mais les élus comme les techniciens semblent bien conscients des enjeux, il sera primordial d’avoir un phasage qui permette :
- Aux habitants de pouvoir profiter d’un cadre de vie agréable en cours de projet (parc, commerces, etc…)
- De faire évoluer le projet en fonction des usages, des reports de circulation (pour cela, les choix retenus ne devront pas obérer des orientations futures)
Par ailleurs, lors du transfert de la compétence Voirie de la Ville à la Métro, la Ville a fait le choix de conserver l’Esplanade. Elle est maintenant classée comme espace vert, il n’est donc maintenant plus possible d’y créer de la voirie, ce qui veut dire aussi pas de stationnement. Cependant, un des scénarios prévoyait de déplacer le boulevard de l’Esplanade sur la place elle-même, c’est un point de contradiction à éclaircir. Il a été dit que le déplacement d’une station de tram n’était pas inenvisageable.